La hija repara el desgaste de un eco

Le pére, la mére, le fils, la fille Le père s’est pendu à la place de la pendule. La mère est muette. La fille est muette. Le fils est muet. Tous les trois suivent le tic-tac du père. La mère est de l’air. Le père vole à travers la mère. Le fils est un des corbeaux de la place Saint-Marc à Venise. La fille est un pigeon voyageur. La fille est douce. Le père mange la fille. La mère coupe le père en deux en mange une moitié et offre l’autre à son fils. Le fils est une virgule. La fille n’a ni queue ni tête. La mère est un œuf éperonné. De la bouche du père pendent des queues de mots. Le fils est une pelle cassée. Le père est donc forcé de labourer la terre avec sa longue langue. La mère suit l’exemple de C. Colomb. Elle marche sur ses mains nues et attrape avec ses pieds nus un œuf d’air après l’autre. La fille raccommode l’usure d’un écho. La mère est un ciel gris où traîne en bas tout en bas un père en papier buvard couvert de taches d’encre. Le fils est un nuage. Quand il pleure il pleut. La fille est une larme imberbe.

El padre, la madre, el hijo, la hija El padre se ha colgado en el lugar del péndulo. La madre está muda. La hija está muda. El hijo está mudo. Los tres siguen el tic tac del padre. La madre es de aire. El padre vuela a través de la madre. El hijo es uno de los cuervos de la plaza San Marcos de Venecia. La hija es una paloma mensajera. La hija es dulce. El padre come a la hija. La madre corta en dos al padre come una mitad y ofrece la otra a su hijo. El hijo es una coma. La hija no tiene cola ni cabeza. La madre es un huevo espoleado. De la boca del padre penden colas de palabras. El hijo es una pala rota. Por eso el padre se ve forzado a labrar la tierra con su larga lengua. La madre sigue el ejemplo de C. Colón. Camina sobre sus manos desnudas y atrapa con sus pies desnudos un huevo de aire tras otro. La hija repara el desgaste de un eco. La madre es un cielo gris que se arrastra muy abajo un padre de papel secante cubierto de manchas de tinta, El hijo es una nube. Cuando él llora llueve. La hija es una lágrima imberbe.

Jean Arp. De Le voilier dans la forêt. (Trad. Mauro Armiño, Visor, 1971)