Enrique Vila-Matas
MARIENBAD ÉLECTRIQUE
Trad. André Gabastou
Christian Bourgois éd.
Dominique Gonzalez-Foerster
[10] «En mars, j'espère que je me sentirai au Splendide Hotel comme si je marchais sur le Paseo de Sant Joan pour aller de la maison à l'école et vice versa, ce qui veut dire que j’espère me retrouver sur mon propre territoire. J'ai bon espoir aussi que, lorsque je serai devant la pièce en verre, je pourrai y voir une grande parade sauvage avec un Minotaure invisible : figure imaginaire à la peau sombre, à l’œil furieux et aux membres de fer, et même ainsi figure humaine, trop humaine. MARIENBAD ÉLECTRIQUE
Trad. André Gabastou
Christian Bourgois éd.
Dominique Gonzalez-Foerster
"Les caravanes partirent. Et le Splendide-Hôtel fut bâti dans le chaos de glaces et de nuit du pôle.
Depuis lors, la Lune entendit les chacals piaulant par les déserts de thym, − et les églogues en sabots grognant dans le verger. Puis, dans la futaie violette, bourgeonnante, Eucharis me dit que c'était le printemps."
ARTUR RIMBAUD
Illuminations, Après le Déluge
ARTUR RIMBAUD
Illuminations, Après le Déluge
Je demande qu'avec une "équilibre d’hécatombe", DGF situe cette silhouette au centre du centre du labyrinthe : Rimbaud caché mais exposé à cet endroit.
Figure intouchable, secrète et inaccessible comme la porte aveugle de notre âge authentique. Rimbaud regardant vers le haut comme s'il cherchait une sphère contenant le soleil et croyait qu'il pourrait, au-delà, voir l'air et son interminable bleu foncé.
Rimbaud vu pendant le temps exact d'un sanglot.
Rimbaud vu comme naturel parmi les vivants, ayant peut-être vraiment dépassé les bornes, drogué jusqu'aux dents, posant dans la chambre 19 avec une nonchalance délibérée, mais en tout cas, s'exhibant, s'exposant littéralement comme il le faisait à l’entrée du pont des Arts.
Rimbaud, vu avec étonnement dans l'éclair qui traver- sera la lourde lumière de cette journée.
Rimbaud la nuit.
Rimbaud renforçant mes soupçons que les morts réap- paraissent parfois discrètement parmi les vivants : ils emboîtent nos pas pour raconter plus tard nos misérables aventures aux dieux.
Rimbaud à Paris, figure inaccessible, à contre-jour... "Pardon du jeu de mots. Je est un autre."
— Dis-moi, pourquoi deux personnes parlent-elles pour dire la même chose ?
Je ne sais si c'est elle ou moi qui réponds :
— Parce que celui qui la dit est toujours l'autre.» (págs. 29-30)
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